#InnovActeur : Interview de Hawa TRAORE, CEO de Teliman, service de taxi-moto au Mali
Dans cette interview, Hawa TRAORE présente Teliman, un service de taxi-moto à la demande à Bamako au Mali, dont elle est la CEO.
En Afrique, 8 millions de chauffeurs de taxi-moto transportent environ 100 millions de passagers chaque jour dans des conditions de sécurité non garanties, un environnement majoritairement informel et chaotique.
Teliman propose un service de taxi-moto qui facilite les déplacements en ville au travers d’une application mobile, assure la confiance et la sécurité des clients, et assure un meilleur revenu aux chauffeur(e)s.
Cette interview a été réalisée au Seedstars Summit en Avril 2019 à Lausanne. Elle s’inscrit dans une série de rencontre et d’interview d’innovActeurs initiée pour :
- faire connaitre des InnovActeurs qui s’impliquent pour changer le monde,
- partager des retours d’expériences pour montrer l’usage de la technologie et de l’innovation pour répondre à des enjeux sociétaux,
- inspirer chacun à devenir un InnovActeur grâce au potentiel qu’offre la technologie.
Pour en savoir plus sur la démarche et y participer, je détaille le projet dans l’article « mon défi : publier 35 interviews d’innovActeurs en 18 semaines » .
Je vous laisse découvrir en images le service Teliman !
Transcription de l’interview
Bonjour je suis Hawa Traoré CEO de Teliman. A Teliman, nous réinventons le futur du taxi-moto en Afrique.
La problématique
Aujourd’hui dans beaucoup de capitales africaines il est très difficile de se déplacer parce qu’on a énormément d’embouteillage. La cause de ça, c’est qu’on a une forte croissance démographique d’un côté et des infrastructures de transport qui ne sont pas en phase avec cette croissance démographique. En plus de ça la population africaine va doubler d’ici 30 ans.
Heureusement, les Africains sont très intelligents. Ils ont adopté un mode de transport le taxi-moto massivement. Il y a plus de 8 millions de chauffeur de taxi-moto à travers le continent,c’est vraiment énorme. pourquoi la moto parce que c’est adapté aux infrastructures qui ne sont pas très développées et que c’est très rapide. Le problème avec cette industrie là c’est que c’est majoritairement informel et c’est chaotique.
Ça amène une grande désorganisation en fait:
- pour les passagers, ils sont de plus en plus méfiants parce qu’il y a des problèmes de sécurité,
- Le chauffeur lui même, il est en mode survie parce qu’il a des coûts d’exploitation qui sont très très élevés, pour le matériel par exemple et ils ne gagnent pas assez bien leur vie,
- pour le gouvernement, c’est une grande source de désordre parce que ça amène de l’ anarchie et il n’y a pas de retombée fiscale.
Et nous, on pense que amener juste une application mobile comme Uber par exemple ou d’autres sociétés le font ne va pas résoudre le problème de fond, qui est un problème de sécurité et de qualité derrière l’application au niveau des chauffeurs. Donc la question pour nous, c’était comment garder tout ce qu’il y a de génial dans les motos sans ses inconvénients.
Donc nous avons créé notre solution : c’est un réseau de chauffeurs professionnels franchisés.
Teliman : un service professionnel de taxi-moto
Nos chauffeurs sont sélectionnés rigoureusement avec des tests médicaux, avec des background tests, on les forme pendant plus de 100h à la sécurité routière et à l’éco-conduite. On met des GPS sur leur moto donc on sait aussi exactement où ils sont et on amène des motos de bonne qualité avec une faible consommation en essence. Ce qui permet au chauffeur aussi de gagner plus.
On amène un cadre formel, on paye des pour chaque chauffeur pour le gouvernement. Nous c’est un cadre complètement formel et tous les chauffeurs ont le permis de conduire et en plus on amène une assurance pour le chauffeur et pour le passager. ça c’est vraiment très très important, ça nous a amené beaucoup de clients. Maintenant, les gens nous confient leurs enfants pour les amener à l’école et les ramener.
En plus de ça, nous avons ajouté une application mobile qui permet de calculer le prix de la course, comme ça ce n’est pas un prix à la tête du client et ça nous permet aussi de suivre les chauffeurs et de les noter sur la conduite. On a aussi un tableau de bord qui nous permet de voir toute l’activité en direct.
Un modèle économique simple et adapté
Alors, comment est-ce que nous on gagne notre vie ?
C’est très simple, on prend une commission fixe par jour par chauffeur. C’est très différent des autres modèles qui existent par Uber par exemple, ou d’autres entreprises dans d’autres pays. Eux, ils prennent des commissions à la course.
Le problème, c’est que les chauffeurs, ça les motive à ne pas déclarer les courses. Donc, ils vont passer par l’appli une ou deux fois et après ils passent en direct avec le client. Nous, on a voulu enlever tout ça en mettant une commission fixe, comme ça le chauffeur quel que soit le nombre de clients qu’il prend, c’est toujours fixe.
Notre solution fonctionne, on a commencé au Mali. En 8 mois, on a réalisé plus de 70000 courses et créé 70 emplois formels. Tout ça, c’est possible grâce à une équipe qui est vraiment formidable, avec moi-même, je suis ingénieur mécanique. Ensuite il y a des ingénieurs informaticiens, on a aussi un Lead investor, une filiale de Toyota qui nous aide beaucoup pour l’expertise pour les motos.
On a commencé à Bamako où il y a un potentiel de marché de 300 millions d’euros. Notre objectif, c’est de nous étendre en Afrique de l’Ouest dans les pays similaires qui ont les mêmes problématiques à résoudre. Notre modèle est très pertinent comme ça amène de l’ordre et de la qualité.
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